Avertissement Un peintre qui s'adonne à la critique d'art c'est un peu comme un végétarien qui dévore à belles dents un cadavre exquis ou un prophète qui prend la Tabula rasa pour un jeu à gratter. Descendre dans l'arène de la critique, c'est se retrouver tel un toréador entre la "peinture peinturée", une rossinante de retour, trois crins au bout du pinceau et la "peinture peinturante", reine du dripping et de son hasard programmé et shooté aux vapeurs d'aérosol. L'une et l'autre ont leur intérêt, et s'il est difficile par ailleurs d'oublier totalement ses propres recherches créatives, le large spectre de celles-ci me permet d'aborder sereinement et librement les créations picturales des autres artistes. Reste une exigence incontournable, avoir un coup de coeur suffisamment conséquent par la proposition d'un artiste pour écrire à son propos. |
Nathalie
AURY - artiste peintre « C’est
là, toute la magie de l’art, l’alchimie
peut être insouciante
et son résultat fulgurant » Quelque
part entre la peinture de Yahne Le Toumelin, celle de Joan Mitchell
et |
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Au
premier plan, une broderie
noueuse, forgée et ciselée aux coulures
transparentes d’un dripping bleu curaçao.
Le spectateur se trouve ainsi isolé
derrière un dispositif qui
agit à la manière d’un moucharabieh. Il
perçoit alors un second plan constitué
d’un grand aplat lumineux comme un instant
d’éternité, ombragé sur le
bas et
délimité en haut par une lointaine futaie. C'est
un monde ou le soleil à son zenith inonde notre cœur d'enfant dans un parc
imaginaire.
Sûrement une réminiscence des temps heureux, d’un Eden introuvable. Dans
un roman
d’André Hardellet, le
Seuil du jardin, Swaine, dit au peintre Masson :
« Ce que proposent
vos tableaux, ce qu’ils vous rappellent et me rappellent
également comme s’ils
venaient d’un… d’un fond, d’un
passé commun encore accessible à certaines
consciences. ». « Cette incompréhensible contradiction du souvenir et du néant » |
L'oracle blanc est un beau songe qui remise le cogito au porte manteau des âmes. C’est une œuvre atemporelle, sans chlorophylle, toute de porosité blanche et de rouille couturée. Une imposante arche monolithique, sorte de congère cyclopéenne habite l’œuvre d’une présence organique. Elle se dresse, énigmatique, drapée d’hiératisme comme le vestige d’une proto-religion. L’artiste, qui est bien le seul à pouvoir monter le volume du son du silence, a entendu au loin, dans la brume dense de son imaginaire, le chant infini du néant. Il donne alors un visage fabuleux à cette partition métaphysique Attention, l’image n’est pas preuve ! L’artiste est un funambule qui avance sur la ligne de crête qui sépare l’en-dedans et l’au-dehors. Il transcende son vertige pour nous restituer des images dont il ne garantit pas la provenance. C’est là toute la magie de l’art, l’alchimie peut être insouciante et son résultat fulgurant. Cette œuvre d’art, de par sa force singulière, son étrangeté et son traitement chromatique est dans la filiation artistique d’une œuvre culte de la fin du 19ème siècle : « L’ile des morts » d’Arnold Böcklin. |
Le Trait est la base première de l'art, de la préhistoire à nos époques transitoires. Ici, le trait est traversant, linéaire dans son intention première, il s'abandonne à la dilution puis à l'empâtement d'un Lapis Lazuli coagulé pour découper avec plus d'à-propos un fond brossé de blanc ocreux en une tectonique vibratoire qui renvoie aux facettes intimes de l'artiste dans sa relation au monde. Mais en aucun cas, ce trait qui divise la surface de ce papier égratigné pour définir les masses nécessaires à la narration d'une architecture absolue, ne désagrège l'œuvre dont l'unité est préservée.
Le trait est plus qu’il ne paraît, il est, tout simplement. |
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CAROLINE LEITE - Artiste
plasticienne |
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J'ai ainsi fait notamment
l'acquisition de deux œuvres de ce type. Bien qu'appartenant à une
série ayant
pour thème la même façade d'une maison, elles ne paraissent pas être
des sœurs
de création tant En épongeant
délibérément l'hémoglobine de la
première pour nous en livrer une version exsangue,
l'artiste
Caroline Leite ôte le voile des apparences. Elle tire ainsi d'un coup
sec Il y a une forte parenté
dans sa
démarche artistique avec celle de la sculptrice Rachel Whiteread.
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L'art de Caroline Leite est
un art
dont l'ADN à double hélice se déplace sur des flots de béton lisse ou
râpeux
sous le ciel plombé de la métaphysique. Elle navigue notamment le long de ce qu'elle appelle La maison qui l'a l'inspirée est au bord d'une
nationale. Ces nationales qui partent de Paris Avec la première
version,
on peut imaginer un portail fatigué, une allée de mâchefer menant On dit de l'art qu'il donne
un sens à
nos vie, qu'il est une fenêtre sur l'éternité mais n'ouvre-t-il tout simplement sur un océan qui ballotte nos
interrogations au gré des courants contraires ? |
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www.caroline-leite.com |