Fantôme gris acrylique 20x20 |
Singulier ? Vous
avez bien dit singulier
? Oui, je choisis ce terme car j'ai d'abord avant tout un goût prononcé
pour
les chemins de traverse, ceux-là même qui tournent le dos à la
structure
analytique du mental pour laisser libre cours à la créativité
intuitive. On parle
comme on respire, le plus ordinairement pour ne rien dire, sûrement
pour se
rassurer d'être encore en vie. Pour ma part je me dis souvent que je
n'ai rien
à dire, mais vraiment rien à dire que vous ne sachiez déjà
inconsciemment, mais
paradoxalement tant à partager ! Mais pour cela il faut accepter
de faire
quelques accrocs à son plumage d'homme sage, quitte à être un escroc
avec
soi-même. L'homme est tissé par le temps et si sa vie ne tient qu'à un
fil,
c'est ce même fil qui sert à l'artiste pour tisser son œuvre. Si "l'art
doit révéler et rendre visible
l'invisible" (P. Klee) en ne se limitant pas à reproduire fidèlement les formes visibles de la nature, il ne doit
pas ignorer au nom du joli à tout prix, le meurtre programmé de
celle-ci. L'impact
terrible du développement de l'humanité sur l'environnement planétaire
est tel que
même l'obsession de peindre le mystère s'en trouve affectée. La
naissance de
l'industrialisation de nos sociétés a donné de grands tableaux enfumés
notamment
chez William Turner et Claude Monet mais ceux-ci ne se doutait pas
alors que le
dioxyde de carbone était un poison lent et que l'humanité rentrait de
plain-pied
dans l'ère de l'anthropocène. La mode
des peintres d'histoire est certes passée mais
le retour à une certaine prise de conscience écologique et politique
doit absolument
faire partie des préoccupations de l'artiste d'aujourd'hui même si par
définition celui-ci doit être dégagé de ces basses préoccupations pour
rejoindre
le firmament. Il ne s'agit pas d'être mainstream ou de ne pas être mais
d'être
avant tout une pulsation artistique à l'unisson avec notre destin
d'homme et
d'artiste. Il s'agit aussi de trouver l'équilibre entre peinture d'idées et plaisir rétinien. |
Demeure le
céleste, le tué
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Le titre de cette œuvre est emprunté à un texte de René Char pour "Nature
morte au pigeon" dans : "En vue de Georges
Braque" (Recherche de la base et du sommet)
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Mais
en tout cas il faut comprendre que lorsqu’il s’agit
de rendre au monde ce que l’on perçoit, la valeur de ce que l’on
restitue
résulte de l’étendue et de la qualité de son langage et par là même de son vocabulaire : je
peux le dire, non exactement comme je le pense ou le ressens au fond de
moi,
mais comme je le peux avec mes limites d’expression. L'art
a pour finalité première de proposer au spectateur des œuvres dont
le
magnétisme rémanent devra être suffisant pour déclencher chez lui plus
qu'une
simple persistance rétinienne mais un véritable processus
d’appropriation. |
"Occupe
et redistribue l'espace à ta façon,
fait vibrer les couleurs à l'unisson de ton coeur et montre nous
l'invisible" . |
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